Le saumon atlantique : entre mythe et réalité

24 juillet 2017, au fin fond du Pays basque, sous la pluie, dans une rivière Pyrénéenne.

Je traque la truite aux leurres lors d’un séjour dans le département des Pyrénées-Atlantiques, et ne sais pas trop à quoi m’attendre niveau résultats. Par défaut j’opte pour un leurre heavy sinking (coulant rapide) de 63mm (dont vous connaissez très probablement le modèle) car la rivière, ou plutôt, le « gave » (comme disent les locaux) est assez large et qu’il y a du courant.

Je rentre assez vite quelques petites truites, il semblerait que je sois sur la bonne voie pour faire une belle pêche.

jolie truite

Peu après le début de la session, j’arrive sur un beau poste, à savoir, une berge léchée par une puissante veine de courant avec un calme en parallèle. Autrement dit, une zone de chasse idéale pour une grosse truite.

berge où se cachent les truites

J’expédie mon leurre en plein bouillon et commence l’animation. Au moment où il sort du courant, un gros poisson le frappe avec une violence inouïe. Par surprise, j’envoie un ferrage bien appuyé (comprendre un ferrage de bourrin…) suivi de deux coups de tête qui me font comprendre que j’ai affaire à un adversaire sérieux.

Je bride vers la droite pour l’empêcher à tout prix de prendre le courant. Je pense à ce moment tenir la truite de ma vie, mais lorsque je l’ai vu passer à quelques mètres de moi alors qu’il descendait la rivière, mon cœur s’est emballé. C’est un saumon !

Il n’y a pas d’autres solutions que d’y courir après pour ne pas mettre trop de pression sur la ligne. J’ai d’ailleurs été contraint de le desserrer car la puissance du poisson, ajoutée à celle du courant fait que j’arrivais au bout de la résistance de mon matériel. Pour ne rien arranger, il y a des gros rochers en aval et s’il parvient à s’y réfugier, le bas de ligne en 20/100 casserait en quelques secondes. En somme, je ne peux absolument rien faire… à part espérer qu’il s’arrête. Et soudain, le miracle se produit. Il s’arrête au niveau d’un rocher pour tenter de s’y abriter, en vain. Je suis à présent à son niveau et au bout de trois tentative, il glisse gentiment au fond d’une épuisette bien trop petite.

J’ai encore du mal à croire ce qui vient de se passer… je tiens un saumon dans mes mains ! Avec ses 66cm, certes ce n’est pas un très gros mais pour le pêcheur de truites que je suis, prendre un saumon est comme un privilège. Un cadeau de la nature pour récompenser des années de pratique.

prise d'un joli saumon atlantique

Un corps fuselé et argenté, une queue échancrée, une ponctuation noire au-dessus de la ligne latérale, l’articulation de la mâchoire ne dépassant pas l’aplomb de l’œil… la confusion avec une truite de mer n’est pas permise.

prise d'un joli saumon atlantique

Ce poisson de rêve a tenu toutes ses promesses. Un combat épique et une force incroyable, sur du matériel léger c’est un pur régal !

S’il constitue un souvenir impérissable au pêcheur qui le capture, il est bon de s’intéresser de plus près à ce merveilleux poisson et à ce qu’il est réellement.

Le saumon atlantique (Salmo salar) mesure au maximum 150cm pour le mâle et 120cm pour la femelle. Il peut peser jusqu’à 25kg.

Sa vie est rythmée par un cycle bien défini : le cycle du saumon.

Il commence par la reproduction, qui dure de novembre à janvier. Les œufs sont déposés dans des zones de gravières pour donner naissance aux alevins vésiculés (de 3 à 4cm). Ces derniers resteront sur la frayère de février à mars, voire avril. Une fois qu’ils ont quitté leur lieu de naissance, ils se nourriront et grandiront dans la rivière jusqu’à devenir des tacons (de 4 à 20cm), puis des smolts (ou saumoneaux). En avril de l’année suivant leur smoltification (changements qui leur permettent de passer de l’eau douce à l’eau salée), ils dévalent le cours d’eau jusqu’à l’océan et rejoignent les zones d’engraissement situées au large du Groenland et des Iles Féroé.

petit tacon pris au toc

Un petit tacon pris au toc. Facilement différenciable de la truite fario juvénile entre autres grâce à sa queue formant un V très marqué et à l’articulation de la mâchoire ne dépassant pas l’aplomb de l’œil.

prise d'un smolt

Un smolt pris lors de la même session. Magnifique n’est-ce pas ?

S’ensuit une phase de vie océanique à durée variable. Les saumons ayant passé une année en mer (comme celui que j’ai capturé) sont appelés castillons et mesurent de 45 à 70cm pour un poids de 1,5 à 4kg. Ceux étant restés en mer plus d’une année sont appelés saumons de printemps et peuvent être deux fois plus gros que les castillons.

Après quoi, les adultes entament une laborieuse remontée dans leur rivière d’origine afin de se reproduire et perpétuer le cycle. Durant cette phase de remontée ils cessent de se nourrir. Pour les pêcher, il faut stimuler leur instinct de prédateur et c’est exactement ce qui s’est passé quand j’ai pris le mien. J’ai donc eu la chance de passer au bon endroit devant le bon saumon… mais je n’irai pas jusqu’à m’en plaindre !

Voilà, nous avons brièvement fait le tour de la vie semée d’embûches du saumon atlantique. N’étant pas un spécialiste, je préfère ne pas rentrer dans le détail mais il existe une multitude d’autres sujets intéressants à propos de ce poisson légendaire, comme par exemple, tout ce qui freine sa remontée (barrages etc.), l’analyse des populations, les moyens mis en œuvre pour sa protection et même sa pêche.

Un poisson qui impose le respect que je souhaite à tous les pêcheurs raisonnés d’avoir un jour au bout de la ligne.

rivière à salmonidés

 © Article rédigé par : Cyprien Chirossel


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